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 But I was lucid, that ought to count {Matthew}

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Jesse Hamilton

Jesse Hamilton


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MessageSujet: But I was lucid, that ought to count {Matthew}   But I was lucid, that ought to count {Matthew} EmptySam 28 Fév - 23:19

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    Arrogance, dédain et concupiscence. La simple mais conséquente panoplie des habitudes récurrentes de Jesse. Du haut de ses 19 ans, ce jeune homme n’avait rien à envier au légendaire Dorian Gray. Cependant, il assumait parfaitement sa personnalité même si parfois lui-même avait du mal à saisir certaines subtilités de son comportement. Et lorsque le jeune homme était indisposé, il se montrait encore plus désagréable que coutume, ce qui n’était certainement pas peu dire aux yeux de ceux qui avaient à subir ses foudres. Et le pauvre élu cette fois fut Mr. Hardwick, son professeur d’économie qui n’avait pour credo que la rationalité, ce qui en temps normal avait déjà don d’exaspérer Jesse mais, il ne s’en souciait pas outre mesures. Ce qui aurait pu continuer ainsi pendant longtemps si Hardwick n’avait pas remit en doute le gout artistique de Jesse devant un amphithéâtre plein de 90 personnes au bas mot. Esthète comme pas un, le jeune Hamilton avait souffert en silence qu’on puisse lui faire une remarque sur son admiration pour le monochrome mais quand son prof vint à dire que « Ce n’est en aucun cas de l’art. C’est à la porter du premier venu que de peindre une toile blanche en blanc en y incorporant des lisérés de la même couleur que l’on n’est même pas foutu de voir à l’œil nu. Et je défis n’importe qui de me dire le contraire. Même vous monsieur Hamilton …» Effectivement, la toile dont il était question et qui suscitait le débat était celle abordée par une jeune auteur dans un ouvrage récent. La pièce était simple, minimaliste au regard de Jesse et mettait en scène trois personnes ayant des avis divergents sur une même toile, celle-ci même ayant été décrite de façon bâclée et navrante par ce cher Mr. Hardwick. Or, il se trouvait que, non seulement cette ouvrage n’avait rien, mais rien à voir avec le cours, mais qu’en plus cet espèce de ventre sur pattes, qui passait certainement son samedi soir devant son match, bière à la main, ne savait absolument pas de quoi il parlait, ayant lui-même un goût plus que douteux pour ce qui concernait la peinture. Qu’il considère encore qu’un Picasso soit surfait, passait encore, mais s’en prendre au monochrome alors qu’il n’était pas fichu de faire la différence entre un Renoir et un Manet. Accablant. Derechef, le jeune homme avait affichée sa moue d’homme contrit avant de rassembler ses affaires et de descendre la quantité suffisante de marches que le séparait de ce surpayé d’enseignement, se plaçant juste face à lui, le saluant de son regard glacial et son visage inexpressif. Il se frotta doucement le menton du dos de la main, se retenant maintenant de céder à une pulsion bien plus violente. Il ferma les yeux un instant, laissant peser sur lui le silence de l’amphi, finalement, il soupira d’aise, releva le regard vers son prof avec un sourire condescendant.

    -« Mr Hardwick…Que connaissez vous à l’Art au juste ? Les œuvres qui ornent vos murs sont bien signées de la main de votre fils n’est-ce pas ? Un gamin attardé que vous appelez virtuose parce qu’à cinq ans enfin il sait tenir un crayon ? Et donc, vous vous croyez en droit d’adresser la parole à un esthète de mon acabit ? Écoutez, quand vous serez capable de me dire qui est Pollock, alors peut-être que j’accepterais d’écouter vos inepties »

    Anticipant la réaction de son adversaire de joute verbale, le jeune homme tourna les talons en jetant un bref regard à ses camarades médusés. Il franchissait la porte lorsque Antoine, de son français de prénom, ajouta d’une voix sombre.

    -« Ce sera trois heures M.Hamilton »

    Et voilà comment il s’était retrouvé à 14 heures assis à un pupitre dans une salle de retenue vide. C’était tout simplement lugubre d’être assis là, à ne rien faire du tout alors que tous ses camarades profitaient du retour du soleil pour se promener ou s’étendre dans l’herbe fraichement coupée. Il n’en fallait pas plus pour que Jesse se sente vraiment morose. Ce prof, aussi inutile qu’incompétent, avait réussit à le faire sortir de ses gonds.

    Le jeune homme leva la main à la hauteur de son visage, la scrutant sous toutes les coutures. Non seulement elle était humide, les jointures blanchies par la colère mais aussi, elle tremblait. Oui, littéralement, elle tremblait comme une feuille. Tout simplement insupportable. Il ne comprenait absolument pas pourquoi il se mettait dans tous ses états pour une personne qui en valait si peu la peine, lui qui était généralement le flegme en personne. Il y avait trop de choses qui préoccupaient son esprit en ces jours. Il devait faire face pour la première à des sentiments qui lui étaient inconnus jusqu’alors avec sa rencontre avec la magnifique Justine, le mépris que les Bêta suscitaient en lui et la colère qu’il ressentait envers des personnes qui avaient eu tant d’importance à ses yeux avant de se perdre dans les méandres de cette guerre de confréries. Il était le premier à penser que tout cela était une bonne chose, qu’ils ne devaient pas s’unir à n’importe qui, surtout après ce qui été arrivé à Chanel et qu’il ne pouvait absolument pas cautionner. Mais d’un autre côté, les choses étaient tellement plus compliquées maintenant. Peut-être avait-il trop tendance à prendre ces évènements comme vérité absolue, mais cela résultait de son abominable caractère. Et puis, mine de rien, le suicide de son père était un coup dur. Il voulait se persuader qu’il s’en fichait royalement, que toutes ces remarques venimeuses qu’il faisait à longueur de temps sur son défunt père étaient méritées, mais malgré tous ses efforts, il demeurait incapable dans cet exercice.

    La porte derrière lui s’entrouvrit. Certainement un autre élève collé, la belle affaire. Il se plongea dans la contemplation de l’extérieur qu’il ne pouvait observer que part la fenêtre entrouverte, glissa ses écouteurs dans ses oreilles pour se détendre au son de la guitare de James Morrison. Une petite brise venait lui caresser le visage, ramenant avec elle une bonne odeur de lilas. Jesse ferma les yeux, profitant un peu plus de l’instant, ne s’occupant pas vraiment du responsable de la salle qui s’évertuait à le dire gentiment qu’il ne devait pas écouter de musique en retenue et qu’il n’était pas non plus autorisé à poser les pieds sur la table. Mais il s’en fichait. Il s’en ficha jusqu’à ce que quelqu’un pose la main sur son épaule. Surpris, le jeune Jesse se redressa brusquement, détournant la tête pour reconnaitre un visage qui, jadis, lui avait été familier.
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